Le monde change à toute allure, les défis se multiplient et se complexifient. Sous pression, l’humain craque. Au travail, les employeurs se voient confrontés à de multiples défis, dont l’explosion de l’absentéisme de longue durée.
Jérôme Van Lidth, Senior Trainer-Coach chez băo academy, nous invite à agir sur les causes sous-jacentes de ce phénomène, en replaçant l’humain au centre du leadership.
Le nombre de malades de longue durée explose en Belgique. Selon les projections du Bureau du Plan, à politique inchangée, près de 600.000 personnes pourraient être en maladie de longue durée d’ici 2035. Comment en est-on arrivé là ?
Jérôme Van Lidth: “Le nombre de personnes en incapacité de travail explose. Fin 2021, les incapacités pour burn-out ou dépression (d’origine professionnelle ou non) avaient grimpé de 46% en 5 ans. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette situation complexe, dont l’accélération de la technologie et la pression accrue sur les résultats. L’aspect humain en souffre et le COVID n’a fait qu’accélérer la situation. Les travailleurs finissent par ne plus se retrouver dans ce système en tant qu’êtres humains. À un moment donné, leur corps lâche, même si, dans un premier temps, le mental a envie de continuer. Le burn-out, par exemple, n’est pas une maladie de fainéants, mais une maladie qui touche les personnes investies. Le corps pose une limite à la place de la tête. Nous traversons une véritable crise du juste équilibre de l’humain dans le monde du travail.”
Difficulté à attirer les talents, absentéisme, burn-out, démission silencieuse… Plusieurs études le confirment, les défis des ressources humaines explosent. Comment l’expliquer ?
Jérôme: “On entend beaucoup parler de grande démission en Amérique du Nord. En Europe, je parlerais plutôt de grande démotivation. Les équipes restent en place mais ne donnent pas plus qu’il n’en faut, elles ont perdu le feu sacré. Cela vient d’une évolution sociétale. Les travailleurs ont de plus en plus besoin de sens dans ce qu’ils font. Ils doivent se sentir reconnus, soutenus et pris en compte dans l’organisation, sinon ils perdent toute motivation.”
Quelles sont les principales difficultés qu’évoquent les employeurs ?
Jérôme: “Ils se demandent comment attirer les talents, leur offrir du sens et les aider à se développer. Cela concerne aussi bien les experts que les jeunes. Le cycle du changement s’accélère. Comment, dès lors, retenir les personnes de qualité en gérant l’accélération des changements et leur implication ? L’agressivité extérieure, en particulier dans les métiers de proximité avec des citoyens et des clients, et les conflits intérieurs sont d’autres défis qui s’accentuent ces dernières années. Il faut prendre soin de l’humain au sens propre et l’accompagner au mieux.”
Lors de vos accompagnements et des échanges avec les participants, que constatez-vous sur le plan humain ?
Jérôme: “Sur le terrain, le besoin de soutien et de reconnaissance est omniprésent. Les travailleurs et les responsables doivent sentir qu’ils ne sont pas seuls, que la hiérarchie se rend compte de ce qu’ils vivent. Ils ont envie de travailler sur leur propre développement, d’être motivés, mais ils ont aussi besoin d’échange. Ils lancent un cri muet : ‘Soutiens-moi et je te donnerai le meilleur de moi’. De manière générale, il y a un vrai besoin de remettre l’humain au centre. Concrètement, cela consiste à promouvoir la collaboration et à valoriser l’aspect relationnel au sein des équipes.”
Quelle est la proposition de băo academy pour relever ces défis ?
Jérôme: “Nous proposons un trajet de formation intitulé ‘Leadership Humain’. Chaque mot a son importance. Trajet car il ne s’agit pas d’un one-shot, mais bien d’un parcours inscrit dans la durée. Leadership car nous nous adressons aux leaders de l’entreprise, c’est-à-dire aux chefs d’équipe et de projets. Nous travaillons aussi bien sur le self-leadership, le fait de prendre soin de soi, que sur le leadership relationnel, le fait de prendre soin de son équipe. Et Humain car la personne elle-même a toujours été au cœur des préoccupations de băo academy. L’humain est notre source d’inspiration. Le trajet Leadership Humain vise donc à replacer l’humain au centre du leadership.”
Pourquoi former les leaders de l’entreprise ?
Jérôme: “Les leaders ont un puissant effet de levier sur le bien-être au sein de l’organisation. Leur capacité à influencer est importante. C’est une co-responsabilité partagée à tous les niveaux, ils peuvent avoir un réel impact sur le bien-être et la satisfaction des travailleurs. Chez băo academy, nous sommes convaincus que la productivité – et j’entends par là par exemple une réduction de l’absentéisme, une augmentation de la motivation et de la performance – est le résultat indirect du bien-être, et non l’inverse.”
À quoi peut-on s’attendre en termes d’impact en replaçant l’humain au cœur du leadership des entreprises ?
Jérôme: “Une personne valorisée, reconnue et qui se sent bien à sa place donne le meilleur d’elle-même. Elle est plus engagée et plus créative. Elle a envie de s’investir dans une organisation qui favorise la reconnaissance. L’environnement de travail en devient beaucoup plus positif.”
Quelles compétences peuvent acquérir les chefs d’équipe ou de projet pour contribuer à la bonne santé mentale et physique de leur équipe ?
Jérôme: “Ils peuvent développer leurs soft skills, c’est-à-dire leurs compétences relationnelles, par exemple l’écoute active, la communication, l’intelligence émotionnelle ou encore la gestion des conflits. Tous ces éléments permettent de trouver une forme d’équilibre. Les leaders de l’entreprise peuvent apprendre à se montrer attentifs à la santé émotionnelle et physique de leurs équipes, en étant conscients des enjeux et des solutions disponibles.”
En quoi consiste concrètement le trajet Leadership Humain ?
Jérôme: “Ce trajet s’inscrit dans le temps. Nous proposons un socle de base de 4 jours axés sur les outils et le people management, complété de modules thématiques à la carte. Chaque participant co-construit son propre trajet sur le long terme. Il s’agit bel et bien d’un cheminement continu auquel s’ajoute un enrichissement mutuel entre pairs.”
